Jamais je ne t’oublierai est un album de photographies que Carolle Bénitah a imaginé, à partir de clichés d’anonymes achetés dans des brocantes, afin de reconstituer la mémoire manquante de sa famille. Elle masque systématiquement tous les visages avec de la feuille d’or pour décupler les projections possibles. L’aplat doré opère à la fois comme une oblitération et une surface brillante sur laquelle se réfléchit nos propres visages. Mais à l’instar de ces photographies qui disent l’impossibilité de l’identification, elle construit des souvenirs « absents » en tapant sur un clavier dont des touches sont inopérantes à cause d’un café accidentellement renversé, des histoires familiales douloureuses. Les souvenirs relatés deviennent opaques, incompréhensibles pour le lecteur.
Utiliser ces images est une façon de vivre par procuration et de reconstituer une vie rêvée. Néanmoins, l’intervention à la feuille d’or crée des trous de mémoire et impose une distance, ce qui fait qu’on n’est pas dupé par le mensonge qu’elles affichent.
Travailler sur ces photographies permet de faire le deuil de cette vie de famille idéale. Reprendre un à un tous les fantasmes d’anticipation concernant ces projections et les démonter rend cette mort symbolique supportable.Carolle Bénitah est une photographe dont le sujet principal tourne autour de la famille, le deuil, le désir et l’enfermement des femmes.
Son travail est présent dans des collections publiques telles que la BNF, le Museum of Fine Art Houston ou encore des collections privées telles que Marin Karmitz, Jan de Bon et Galila Hollander.
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150,00 €Prix
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